dimanche 31 janvier 2016

Black Swan, Darren Aronofsky, 2011

Natalie Portman

Black Swan est un film qui hante. Nina est ballerine dans une compagnie new-yorkaise. Elle vit avec sa mère, ancienne ballerine qui a stoppé sa carrière pour la mettre au monde. Nina a les dents qui rayent le parquet et veut être parfaite. Elle ne vit que pour sa carrière et veut tout contrôler, pendant que sa mère la "préserve" en l'infantilisant totalement au coeur d'un foyer bien tenu, dans une chambre toute rose remplie de peluches. Elle en pince un peu pour le directeur de sa compagnie, mais gentiment: il est pour elle le prince charmant aux yeux duquel il faut être gentille, fragile, mignonne. 


Natalie Portman, Vincent Cassel

Mais quand Nina obtient le rôle principal du Lac des Cygnes et qu'elle doit incarner à la fois le fragile et ingénu cygne blanc, et le cygne noir séducteur et tentateur, elle doit prendre contact avec le monde de la sensualité et de la sexualité qu'elle a toujours refoulé jusqu'ici. Forcément il y a conflit. Ajoutez à cela l'arrivée dans la compagnie d'une nouvelle danseuse qui incarne tout ce qu'elle voudrait être sans se l'avouer - la liberté, la décontraction et la frivolité- et le stress d'être l'étoile d'un spectacle, la pression du travail acharné, et le pétage de plomb n'est pas loin. Nina recommence à se gratter compulsivement et Nina voit des choses...

 



Dès le début, les jalons sont posés: on sent que l'héroïne fragile se contient, refoule quelque chose, qu'elle a déjà été confrontée aux symptômes d'un profond problème psychologique et on sait qu'elle se perdra dedans. Mais ce à quoi on n'est pas vraiment préparé, c'est la justesse avec laquelle le réalisateur réussit à nous montrer à quel point il est flippant de n'avoir de pire ennemi que soi-même. Pas moyen d'en échapper: notre part sombre a jeté son dévolu sur nous-même, elle veut nous faire du mal, on est enfermé avec elle 24h/24 où qu'on soit. Et en plus, quand elle se manifeste, elle ne prévient pas. Le film va crescendo dans l'horreur psychologique et plus Nina se perd, plus on la suit, et plus c'est flippant. D'autant plus que Natalie Portman peut être assez terrifiante dans ses expressions et même sa voix. 


Natalie Portman

En plus d'une histoire forte, le film enchaîne les plans ingénieux jusqu'à un final magnifique, d'une esthétique quasi-parfaite. La danse est magnifiée par la façon dont elle est filmée, et c'est un véritable régal pour les yeux. Les couleurs, les costumes, la mise en scène remplie de symboles, tout est là pour servir cette histoire de narcissisme sadique et d'auto-destruction qui ne peut que laisser des traces, qu'on aime le film ou non. 


Natalie Portman



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire