samedi 30 janvier 2016

American Psycho, Mary Harron, 2000

Christian Bale

American Psycho réalisé par une femme. Le principe est en lui-même très insolent et donc intéressant. Maintenant la question qui prime est "American psycho est-il adaptable ?". Pour beaucoup l'âme du livre réside en de violentes scènes de meurtre et de sexe : le thème principal du livre est la psychose qu'entretient le personnage, et sur fond de la désillusion qu'ont pu apporter les années 80. 


Bill Sage, Christian Bale, Justin Theroux, Josh Lucas


Mary Harron a eu la bonne idée d'inverser subtilement la marche suivie par le roman et l'intérêt reste entier. Toujours centrée sur la folie de Patrick Bateman, l'action n'exclut pas la violence de ses nuits, mais reste axée sur le milieu superficiel dans lequel il évolue et la compétition animale (et au fond ridicule) qui y règne. En bref, ce qu'a précieusement gardé la réalisatrice, c'est l'humour caustique et cynique du roman. En cela, on ne se trouve pas en face d'un bête "documentaire" sur la vie dans les années 80, mais bien confrontés à la critique méchante et intransigeante qu'Ellis avait élaborée.


Une chose vis à vis de laquelle on peut rester perplexe, l'interprétation de Christian Bale. Il campe un Bateman exalté, oui, mais peut-être trop. Mais en réalité, tout dépend de la vision que l'on se faisait du personnage à la lecture du roman: le Bateman que je m'étais imaginé était beaucoup plus efficace dans le domaine de la froideur, contrôlait plus facilement la situation ainsi que ses accès de rage. Dans le film, il est plus émotif, et son furtif repentir se transforme en remords bien réels et persistants, pour déboucher sur l'évidence d'un trouble psychotique certain. 


Chloe Sevigny, Christian Bale
Cependant, on se rend compte que là est tout l'intérêt du film. Il condense ce qui est amené en plusieurs chapitres dans le roman, et transforme le peu d'amplitude sentimentale du Bateman du livre, en montagnes russes émotionnelles. Patrick Bateman est finalement pris à son propre jeu, et il finit par se rendre compte que les apparences sont si importantes dans ce monde de yuppies d'une futilité sans égal, qu'au moment même où sa carapace se brise, et que sa fragilité est propulsée nue dans un monde d'une cruauté qu'il a lui-même activement participé à façonner, il se rend compte que ses propres "amis" sont incapables de croire qu'il ait pu assassiner et torturer qui que ce soit tant ils le considèrent comme un minable. Y-a-t-il pire façon de se rendre compte que les crimes que l'on pensait avoir commis sont illusoires et fruits d'un esprit fuyant et d'une lâcheté incomparable? Merci à Christian Bale d'avoir tout fait pour façonner son physique à l'image de celui de son personnage et fait preuve de tant de subtilité dans son jeu. Cependant, je crains que ça ne soit pas assez lorsque, comme moi, on a été traumatisé par tout ce qui est abordé dans le roman de Bret Easton Ellis, et qu'on a été marqué au fer rouge par la crudité des scènes de torture et par la violence psychologique que contient ce récit, on a beau aimer Christian Bale et reconnaître son extrême implication dans la préparation de ses rôles et la finesse de son interprétation, on ne peut être contenté que de ses propres reconstitutions mentales. 


Samantha Mathis

American Psycho reste cependant l'adaptation d'un livre difficile et bien que le film soit très bien en lui-même, il est tout de même facile de voir disparaître des scènes que l'on affectionnait particulièrement et apparaître la déception...

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