samedi 30 janvier 2016

Jeanne d'Arc, Luc Besson, 1999


Milla Jovovich


Depuis la découverte de la psychanalyse, la sainteté a du souci à se faire ! Nous connaissons tous Jeanne D'Arc, fierté française, chère à notre sentiment patriotique en général, à notre cœur plus facilement en ce qui concerne les femmes... Cette petite fille-femme qui se laissait investir de la délicate mission de porter Charles IV au trône de notre pays et "bouter les anglais hors de France", celle-là même qui se laissait guider par les voix venues du ciel.


Oui, mais voilà. Ces voix venaient-elles du ciel ou la belle n'avait-elle pas plutôt une personnalité... « agitée » ? Voilà les questions qu'aborde beaucoup plus clairement le film de Luc Besson. Nous y découvrons une Jeanne exaltée, frénétique, fébrile, tremblante, spontanée, véhémente, combative et autres mots qui nous donnent un peu le tournis. Cette Jeanne-là semble à la fois fragile et extrêmement forte. Elle nous bouleverse et nous atteint beaucoup plus que les pompeuses et dévotes Jeannes qui l'ont précédée, livides, les yeux plus occupés à regarder le ciel que les combattants (mis à part Renée Falconetti dont Besson et Milla Jovovich se sont explicitement inspirés).


Dustin Hoffman dans le rôle de la conscience de Jeanne

Pour cette parfaite Jeanne, Besson a choisi la non moins parfaite Milla Jovovich. Et sur l'écran déboule une passionnée qui court par-ci, par-là, à droite, à gauche, bref qui semble dotée du don d'ubiquité. Elle inonde l'écran de sa vitalité et nous rend Jeanne d'Arc beaucoup plus sympathique et beaucoup plus accessible que nous ne l'avions imaginée. Car en définitive, la Jeanne que ces deux-là nous ont offert est beaucoup plus humaine que les précédentes, beaucoup moins empreinte de sainteté que de folie. Car Jeanne souffre, Jeanne est instable, inconstante et paradoxale. Enfermée dans son cachot elle débat avec sa propre conscience pour finalement nous aider NOUS, à nous rendre compte que Jeanne d'Arc pouvait être sainte ou hérétique en son temps, aujourd'hui elle aurait été d’abord cataloguée névrosée, psychotique, schizophrène... Tout cela peut paraître simpliste, comme souvent chez Luc Besson, mais a au moins le mérite d’offrir un nouveau regard sur l’histoire de Jeanne d’Arc.

Milla Jovovich


Il n'en reste pas moins à ajouter, pour parfaire le tableau, que la réalisation est très originale, illustrant parfaitement les visions de Jeanne, comme presque plus cauchemardesques que saintes, et accompagnant le jeu énergique et excellent d'une Milla Jovovich de plus en plus présente à l'écran...

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