samedi 30 janvier 2016

Tideland, Terry Gilliam, 2006


Jodelle Ferland


Il était une fois un réalisateur nommé Albert Dupontel. Enthousiaste à propos du dernier film de son copain Terry Gilliam, il avait laissé un article dithyrambique sur son blog à son propos, ce qui ne manqua pas de m'intéresser dans la mesure où Las Vegas Parano fait partie de mon panthéon et où je fais toujours confiance à l'avis de l'artiste. Je décidai donc de faire l'acquisition du film, espérant que ma réaction ne soit pas la tiède attention qu'avait suscité en moi Les frères Grimm (même si Monica Bellucci est à elle toute seule ce qui gâche le film).



C'est alors que j'ai eu le plaisir de découvrir que Terry Gilliam avait eu la bonne idée, guidé par la trame scénaristique que consituait le roman de Mitch Cullin, de reprendre le principe du conte fantastique pour nous dépeindre l'histoire de Jeliza Rose. Cette petite Cendrillon qui prépare les fix de son papa, masse les jambes de sa maman qui ne rate pas une occasion de lui hurler dessus dès qu'elle essaie de lui piquer un carré de ses tablettes de chocolat. Son chevalier servant de papa lui promet de l'emmener au Jutland d'ici peu, et ceci suffit à faire rêver notre brave gamine. Toute cette petite famille vit heureuse jusqu'à la mort théâtrale de la vilaine maman junkie et c'est alors le départ pour un endroit paumé mais idéal pour une enfant plein d'imagination.


Jodelle Ferland, Jeff Bridges

Il est tout à fait compréhensible qu'un artiste comme Albert Dupontel ait aimé ce film: c'est extrêmement bien filmé, excellemment joué, mais aussi cynique, acide, et malsain. Là où Tideland résume bien l'oeuvre de Terry Gilliam, c'est qu'on y retrouve la galerie de personnages tous plus étranges les uns que les autres, parfois bourrés de tics, parfois caricaturaux, mais toujours fascinants. A cela s'ajoute l'ambiance des conte de fées: pas ceux auxquels s'intéresse Disney, mais ceux dans lesquels se côtoient l'horreur et le merveilleux (un peu ceux des Frères Grimm?), aventure extraordinaire d'une petite fille perdue dans un monde sans repères. La preuve en est l'explicite et constante citation d'Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. A travers l'humour grinçant, le caustique associé au merveilleux et à la légèreté du point de vue d'une enfant, Terry Gilliam nous montre des scènes d'une incongruité et d'une audace à peine dissimulées. Au point peut-être d'en choquer certains.


Jodelle Ferland

Quelques personnes ont été déçues par Tideland, dit-on, peut-être ont-elles été frappées de voir le portrait d'une enfant confrontée à des choses aussi crues que la drogue, la mort... Mais les choses semblent tant glisser sur elle, son imagination et sa joie de vivre l'aidant à tirer parti et repousser l'horreur de sa situation qu'elle semble promise à une vie de bonheur éternel. Et rien que pour cette leçon d'optimisme, on a envie de remercier notre Terry Gilliam d'avoir su si bien mettre toutes les meilleures facettes de son oeuvre et de sa personnalité dans ce magnifique film!

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