dimanche 13 mars 2016

Shutter Island, Martin Scorsese, 2010



Leonardo DiCaprio

Teddy Daniels arrive par bateau sur Shutter Island, une prison réservée aux criminels souffrant de graves troubles psychiatriques. Teddy Daniels est un agent fédéral, à qui un nouveau coéquipier a été assigné, et les deux hommes débarquent afin de retrouver une dangereuse patiente échappée de sa cellule. Très vite, ils seront confrontés à la réticence du personnel de la prison à leur fournir des informations, et aux démons de Teddy Daniels, son obsession pour un certain Andrew Laeddis, et le fantôme de sa femme.



Tiré du livre de Dennis Lehane, Shutter Island est une bonne adaptation d’une histoire complexe et marquante. Martin Scorcese aurait pu se reposer sur le livre pour développer son film. Mais si l’intrigue de Shutter Island constitue en elle-même une trame solide pour réaliser une bonne enquête policière teintée de drame psychologique, Martin Scorsese en a fait une œuvre d’art. 


Shutter Island
Arnold Böcklin, L'île des morts
Dès le début, le bateau se dirige dans la brume vers Shutter Island et à la vue de cette grande île aux falaises imposantes, on pense à L’île des morts d’Arnold Böcklin, série de cinq tableaux montrant un bateau accostant sur les rives d’une île lugubre. Le film illustre ensuite l’ambiance du récit par beaucoup de plans rappelant différents mouvements comme le Symbolisme, mais aussi le Surréalisme ou l'Expressionnisme. Le spectateur se trouve déstabilisé par quelques plans très courts, sur une ampoule ou le visage d'une actrice prononçant un mot sur lequel le réalisateur a choisi d'insister ; quelques arrêts sur image figent un visage dès lors inaltérable. On comprend alors être dans l’esprit de Teddy Daniels, et les rêves se mêlent à la réalité. A l'instar d'Aviator, le réalisateur insiste sur les couleurs et fait de chacun de ces plans oniriques, un tableau.

Michelle Williams, Leonardo DiCaprio


Michelle Williams

Le dernier élément immanquable se trouve être la musique. Aucune partition n’a été composée pour le film, les morceaux sont tous l’œuvre de musiciens tels que Gustav Mahler, qui replonge Teddy Daniels dans des évènements tragiques, mais aussi John Cage, Nam June Paik, deux compositeurs affiliés au mouvement artistique « Fluxus » dans les années soixante. Mais si cette utilisation de morceaux classiques pour illustrer un livre nous rappelle sensiblement Stanley Kubrick, il ne m’étonnerait pas que l’hommage soit assumé : les œuvres utilisées les plus importantes sont de Penderecki et Ligeti, deux compositeurs chers à Stanley Kubrick (le morceau « Lontano » présent plusieurs fois au cours du film, est d’ailleurs entendu dans Shining.)

Shutter Island

La combinaison de ces éléments fait de Shutter Island un film élégant, mystérieux et qui hante longtemps après la projection.