vendredi 19 février 2016

Journal d'une femme de chambre, Benoît Jacquot, 2015


Léa Seydoux

Journal d’une femme de chambre est l’adaptation d’un roman d’Octave Mirbeau paru au XIXe siècle. Benoît Jacquot nous offre sa version de l’histoire de Célestine, femme de chambre, Joseph, cocher, Marianne, cuisinière, et de leurs patrons, pour ne pas dire « maîtres ». Chaque domestique accomplit consciencieusement son devoir durant la journée, supportant les excentricités et les exigences de leurs patrons, pour mieux se jeter dans leur exutoire le soir, que ce soit la politique, le sexe, ou l’alcool. Mais si les maîtres sont présentés comme des personnes facilement blâmables pour leur manque de considération envers leurs employés, ces derniers, dans leurs travers, ne sont malheureusement pas mieux.

 
Vincent Lindon et Léa Seydoux

Benoît Jacquot garde habilement un récit mené au travers des souvenirs de Célestine, aussi volage dans sa vie professionnelle que dans sa vie amoureuse, et donc forte d’une expérience conséquente. Nous sommes aisément guidés à travers les retours dans cette vie passée. Pas de voix off qui ne vienne gâcher ces épisodes de l’intimité de Célestine et de ses anciens patrons, cela aidant à rester proche de celle envers qui nous ressentons facilement de l’empathie. Le souci donné à la photographie dans ce film nous aide d’ailleurs à nous repérer entre l’époque à laquelle travaille Célestine et les moments qu’elle se remémore : l’image est plus claire et les couleurs sont plus uniformes, tirant uniquement vers un turquoise clair, tandis que le présent de Célestine est teinté de magnifiques couleurs complémentaires de turquoises et brun cuivrés qui fascinent.

Le point noir, qui vient d’ailleurs gâcher ce qui aurait pu être un point fort qui relierait encore plus le film au roman dont il est tiré, est le parler trop rapide et bas des acteurs, au demeurant excellents, qui nous empêche de comprendre ces petites réparties que lâchent entre deux portes les domestiques envers leurs patrons, souvent bien senties et infiniment libératrices.


Léa Seydoux et Adriana Asti

Journal d’une femme de chambre reste une très bonne adaptation du roman d’Octave Mirbeau, magnifique témoignage réaliste des vies des « petites gens » et de leur relation avec leurs patrons tantôt trop tyranniques pour être aimés, tantôt trop gentils pour ne pas être floués. 

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