Léa Seydoux |
Journal
d’une femme de chambre est l’adaptation d’un roman d’Octave
Mirbeau paru au XIXe siècle. Benoît Jacquot nous offre sa version de l’histoire
de Célestine, femme de chambre, Joseph, cocher, Marianne, cuisinière, et de
leurs patrons, pour ne pas dire « maîtres ». Chaque domestique
accomplit consciencieusement son devoir durant la journée, supportant les
excentricités et les exigences de leurs patrons, pour mieux se jeter dans leur exutoire le soir, que ce soit la politique, le sexe, ou l’alcool. Mais si les
maîtres sont présentés comme des personnes facilement blâmables pour leur
manque de considération envers leurs employés, ces derniers, dans leurs
travers, ne sont malheureusement pas mieux.
Benoît Jacquot garde
habilement un récit mené au travers des souvenirs de Célestine, aussi volage
dans sa vie professionnelle que dans sa vie amoureuse, et donc forte d’une
expérience conséquente. Nous sommes aisément guidés à travers les retours dans
cette vie passée. Pas de voix off qui ne vienne gâcher ces épisodes de l’intimité
de Célestine et de ses anciens patrons, cela aidant à rester proche de celle
envers qui nous ressentons facilement de l’empathie. Le souci donné à la photographie
dans ce film nous aide d’ailleurs à nous repérer entre l’époque à laquelle
travaille Célestine et les moments qu’elle se remémore : l’image est plus
claire et les couleurs sont plus uniformes, tirant uniquement vers un turquoise
clair, tandis que le présent de Célestine est teinté de magnifiques couleurs
complémentaires de turquoises et brun cuivrés qui fascinent.
Le point noir, qui vient d’ailleurs
gâcher ce qui aurait pu être un point fort qui relierait encore plus le film au
roman dont il est tiré, est le parler trop rapide et bas des acteurs, au demeurant
excellents, qui nous empêche de comprendre ces petites réparties que lâchent
entre deux portes les domestiques envers leurs patrons, souvent bien senties et
infiniment libératrices.
Léa Seydoux et Adriana Asti |
Journal
d’une femme de chambre
reste une très bonne adaptation du roman d’Octave Mirbeau, magnifique
témoignage réaliste des vies des « petites gens » et de leur relation
avec leurs patrons tantôt trop tyranniques pour être aimés, tantôt trop gentils
pour ne pas être floués.
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